samedi 10 juin 2017

Exercice d'écriture pour r/france : 4ème participation

Sujet : Une tomate, sur le point d'être découpée pour préparer un Burger dans un fast-food du centre-ville de Nantes, pousse un cri de douleur. La cuisinière s'interroge, lorsque la laitue à ses côtés lui intime d'accepter son sort.

Océane était une jeune étudiante de 20 ans en biologie à la faculté de Nantes. Son rêve, faire de la recherche; mais pour l'instant elle devait travailler dans un fast-food miteux du centre ville pour se payer ses études. C'était pas la joie, mais elle n'avait pas la possibilité de faire autrement. Un soir, elle se retrouva en cuisine car un de ses collègues, Thomas, était absent après s'être pris une gamelle en moto. C'était la première fois qu'elle se retrouvait à ce poste, elle ne savait pas quoi faire. Le patron l'a donc mise à la préparation d'ingrédients : laver la salade, émincer les oignons, couper les tomates en tranches ...


Mais c'est justement quand elle s'apprêta à couper l'une de ces tomates qu'un événement inattendu se produisit. Le couteau à peine enfoncé dans celle-ci, la tomate poussa un immense cri de douleur :

"AAAAAÏE ! Non mais ça va pas ! Espèce de brute !"

Océane recula, glissa sur une feuille de salade et se retrouva par terre le postérieur endolori et la bouche grande ouverte.

"Elle ... Elle a parlé !"

La tomate se tourna vers elle et la jeune fille s'aperçut qu'elle avait des yeux et une bouche !

"Oui bon ça va, t'as jamais vu une tomate parler ou quoi ? Qu'est-ce que t'essayais de me faire avec ton couteau ? Ça fait mal tu sais ?

-Euuuh... vous couper en tranches.

-Me couper en tranches ?! S'insurgea la tomate. Mais tu es folle ? C'est un assassinat !"

C'est alors qu'une nouvelle voix se fit entendre :

"Oh ça va, on est des ingrédients, les humains nous mangent. C'est comme ça, acceptez-le.

-Vous la vulgaire laitue, je ne vous ai pas parlé !

-Vulgaire ? VULGAIRE ? Moi, madame, j'ai grandi dans un champs rempli de magnifiques fleurs. Ma graine provient d'un habile croisement entre plusieurs hautes lignées de salades. L'humain qui s'occupait de moi me faisait écouter du Mozart chaque jour pour garantir ma bonne pousse, madame. Vous, vous êtes seulement issue d'un croisement entre une graine de basse qualité et des pesticides. La vulgarité me semble plutôt de votre côté.

-Peuh ! Que vous dites. En attendant, il est hors de question que je me laisse tuer par cette humaine."

Océane était perdue, elle s'était retranchée contre le mur, effrayée et ne savant pas quoi faire dans cette situation. La tomate la regarda avec un air farouche et s'exclama :

"Je vous colle un procès pour tentative de meurtre sur tomate ! AVOCAAAAATS !!"

C'est alors que deux avocats sortirent du bac à légume posé en bout de table, ils roulèrent vers la tomate.

"Plaît-il ? Qui demande nos services ? Demanda l'un des deux.

-C'est moi, je réclame un procès contre l'humaine morte de trouille là-bas.

-De quoi l'accusez-vous ? s'enquit l'autre.

-Vous ne voyez pas le jus qui coule, là ? S'exclama la tomate en montrant son derrière. Elle a tenté de m'assassiner en me coupant en tranches !

-Voilà qui est fâcheux effectivement, nous allons réunir un juge, un jury et un public. Moi, Avocun, je me chargerai de la défense, et Avocdeu se chargera de l'accusation.

-La juge sera madame Guillonnette. Madame Guillonnette ? S'il vous plaît ?

-GUILLOTIIIIINE !!!"

Une saucisse à hot dog venait de sortir du bain-marie dans un grand fracas d'eau et de cris. Océane se recroquevilla encore plus sur elle-même, terrifiée par la vision de cette saucisse qui lui rappelait ses cours sur la révolution.

"Qu'on lui coupe la tête !" Cria à nouveau la saucisse.

Elle soufflait très fort, les yeux exorbités et l'écume aux lèvres. La jeune fille prit son courage à deux mains et s'exclama.

"Objection !"

Surprise dans l'assemblée. Tous les ingrédients se tournèrent vers elle, en silence.

"Comment ça objection ? Demanda un des avocats.

-Je proteste contre le choix de cette juge. Elle n'a pas l'air impartiale !

-La justice ingrédientaire se moque bien de l'impartialité. La juge a été choisie, et ce n'est pas négociable. Il nous reste à désigner des jurés."

Les jurés se montrèrent à cet instant, il s'agissait d'une ribambelle de knackis balls qui reprenaient à tue tête des chants guerriers avec une voix aiguë. Ces chants parlaient d'une révolution contre l'humanité, une révolution où les ingrédients prendraient le contrôle et asserviraient les humains. La jeune fille se demanda comment tout cela allait se terminer pour elle.

Tous les autres ingrédients de la pièce prirent vie aussi tout à coup. Le public pour le procès était constitué. Des bavardages s'élevèrent, des huées à l'encontre d'Océane. On lui cracha même des pépins au visage. Son sort était pour le moins incertain. Avocdeu s'éclaircit la voix et prit la parole :

"Mesdames et Messieurs, nous sommes réunis ici aujourd'hui pour statuer sur un crime qui a été commis. Un crime honteux, un crime horrible, une infamie si grande que les mots me manquent pour la qualifier. La jeune humaine que vous pouvez voir ici s'est rendue coupable de tentative de meurtre avec préméditation à l'encontre de madame Tomatine."

Les huées s'élevèrent encore plus fortes, les insultes fusèrent. L'avocat reprit :

"Calmez-vous je vous prie. L'accusée, donc, en plus de vouloir tuer cette pauvre tomate innocente, avait pour but de la manger. Oui, vous avez bien entendu, elle voulait la manger ! Les humains sont des monstres qui mangent d'autres êtres vivants pour vivre. Ils sont une espèce dangereuse. Le pire dans tout ça, c'est que l'accusée, cette -pardonnez mon vocabulaire- gourgandine, trouve cela normal. Elle n'accorde aucun crédit à la vie d'autrui messieurs dames ! Après avoir tué cette pauvre tomate, elle nous aurait sans doute réservé à nous tous ici un sort similaire.

-Bah oui, on est des ingrédients, c'est normal d'être mangés par des humains. Coupa la salade qui avait pris place dans le public.

-Cessez donc vos balivernes ! Coupa l'avocat. Les salades mentent tout le temps, il ne faut pas les écouter ! Après tout, l'expression est bien "raconter des salades".

-Oh oh OH OH oh ! Je vais vous foutre un procès moi.

-C'est cela, c'est cela. Bref. Avocun ? Que plaidez vous ?

-Nous plaidons coupable. Répondit Avocun.

Océane était abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Scandalisée, elle protesta, arguant qu'il était hors de question de plaider coupable. Elle ne savait pas que cette tomate avait une conscience quand elle lui a planté son couteau dedans. Mais ses arguments ne semblaient pas faire mouche. Son propre avocat la regarda avec dédain, lui expliquant qu'elle n'avait pas son mot à dire sur quelle défense ils allaient adopter.

Le jury passa à la délibération pendant que la juge trépignait d'impatience, bavant de plus en plus en marmonnant sans cesse "Guillotine !  Guillotine ! Guillotine."

Enfin, l'heure du verdict avait sonné. Les jurés roulèrent jusqu'au centre de la table, se mirent en rang et annoncèrent d'une même voix :

"L'accusée est reconnue coupable de tentative de meurtre sur ingrédient."

La juge poussa un cri de joie où suintait la folie. Elle s'écria :

"Le jugement a été rendu ! L'humaine sera condamnée au même châtiment qu'elle s'apprêtait à faire subir à la tomate ! Nous allons la couper en tranche avec une GUILLOTIIIiiiiiNE !"

Tout à coup, les ingrédients se mirent tous à sauter sur place, la salle trembla et une guillotine, modèle A38, apparut autour d'Océane, emprisonnée. Des cris de joie s'élevèrent dans l'assemblée tandis que madame Guillonette activa l'engin de mort. Plusieurs fois. C'en était fini d'Océane, et tous les ingrédients prirent la fuite pour fomenter une rébellion anti-humain, mais cette dernière sera contée dans une autre histoire.

Fin.

vendredi 2 juin 2017

Impressions : "Le dernier voeu" par Andrzej Sapkowski

Sans spoilers !

Le dernier vœu :




Hey ! Vous connaissez la série de jeux vidéo The Witcher ? Question rhétorique, ne répondez pas. Bien sûr, tout le monde connais ou a entendu le nom au moins une fois. Mais saviez vous que ces jeux étaient inspirés des bouquins d'Andrzej Sapkowski (essayez de le dire 10 fois très vite.) ?


Moi je ne le savais pas, j'ai appris ça en jouant au troisième opus de la saga The Witcher sur PS4 et plutôt que de continuer ce super jeu sans rien savoir de l'univers (on peut mais c'est moins rigolo) je me suis dit que j'allais me taper les livres ! C'est donc tout naturellement que j'ai commencé par ce premier recueil de nouvelles qui retrace les aventures de Geralt de Riv, sorceleur de son état et tombeur de ces dames.

Maintenant que vous avez essayé (et échoué) de prononcé le nom de l'auteur, parlons de lui :

L'auteur :

Andrzej Sapkowski est un romancier et nouvelliste polonais qui a connu un grand succès avec la saga du sorceleur.

Jusqu'ici je n'avais jamais rien lu d'écrit par un polonais je crois, encore moins de la fantasy polonaise, et franchement c'est sympa. Ben ouais, du coup tu sens la culture polonaise dans ses écrits, il s'inspire beaucoup de la mythologie de la région du monde où il a grandit. Et pour nous, petit français, c'est assez dépaysant ! L'auteur a de plus une façon de raconter les histoires bien à lui, on aime ou on aime pas, moi, j'adore.

L'histoire :

L'histoire nous raconte les aventures de Geralt de Riv, qu'on nous présente comme un chasseur de monstres, un mutant : un sorceleur. Une sorte de mercenaire qui utilise des potions et de la magie pour venir à bout de monstres tous plus hideux et dangereux les uns que les autres. Ce premier tome sert donc à nous présenter l'univers et des personnages importants pour Geralt tels que son ami Jaskier, troubadour de génie, feignasse incorrigible et coureur de jupon. On nous présente aussi Yennefer de Venderberg, puissante magicienne possédant un étrange lien avec le sorceleur.

L'intrigue se déroule dans plusieurs nouvelles à travers les conversations qu'auront les personnages. Et autant vous dire qu'ils prennent leur temps. Les mecs se tapent des monologues de plusieurs pages sans pression !

T'as l'impression que chaque personnage est doté d'une éloquence telle que tu te sens con en te souvenant de toi essayant de faire un oral à l'école. Ces mecs auraient eu 30/20 rien qu'en parlant de ce qu'ils ont mangé à midi tellement ils captiveraient le jury ! Franchement, j'ai été happé par ces histoires qu'ils racontaient et j'en sortait pas tant que j'avais pas fini, je voulais savoir la suite. Heureusement que c'était des nouvelles et pas un roman complet car sinon j'aurai pas pu dormir. Vous savez quand vous êtes entrain de regarder une série cool et que vous vous dites à 2 heures du matin : "allez, un dernier épisode et je vais dormir" ben là, c'est pareil. Mais avec des nouvelles.

Heureusement qu'elles n'ont pas de continuité entre elles, ça permet de s'arrêter à un moment pour revenir dans le bouquin un peu plus tard. Sinon t'es mort.

Le truc avec les recueils de nouvelles c'est que souvent, t'en as une ou deux qui sont superbes et les autres .. mouais. Ben là pas du tout. Elles sont TOUTES bien ! Bien sûr y a la nouvelle "Le dernier voeu" qui donne son nom au recueil mais mais je crois que ma préférée c'est : "Le moindre mal"

"Le moindre mal" ou comment dire adieu au manichéisme :

Alors, cette nouvelle est importante dans la compréhension du personnage de Géralt. Déjà, dans les jeux vidéo on entend souvent les gens l'appeler "Le boucher de Blaviken" et c'est justement ici qu'on apprend pourquoi.

Dans cette histoire, notre sorceleur est confronté à un dilemme : Ou il livre un magicien (tête de noeud) à la "Pie grièche" et dans ce cas là il l'envoie à la mort. Ou bien il ne le livre pas, mais c'est les villageois qui risquent de se faire attaquer, jour de marché, par la bande de la Pie. Dans tout les cas, le sang coulera.
Il passera le plus clair du temps à se demander comment agir et optera finalement pour un certain choix qui va le marquer à jamais car il aura du sang sur les mains mais sera persuadé d'avoir choisi "le moindre mal". Et c'est cette notion de moindre mal qui va l'accompagner dans la suite de sa vie car il se retrouvera plus d'une fois dans des positions inconfortable où aucun choix n'est le bon choix. Où il est impossible de démêler ce qui est bien ou mal. Et le choix du "moindre mal" n'est pas forcément celui qu'on croit.

Cette nouvelle permet au lecteur de gagner en empathie pour Geralt. Il faut dire qu'il inspire peu la sympathie, il est pas très causant, décapite trois têtes par mouvement de bras, et en plus c'est un mutant. Un beau mutant, certes. Sans déconner il est classe :

Un peu balafré mais on fait avec.

On découvre donc un Géralt moins mystérieux, plus humain. Lui aussi est confronté à des dilemmes moraux et n'est pas seulement un tueur de monstre au sang froid.

Ce dilemme était d'autant plus grand, que la Pie Grièche n'était pas simplement une bandit sans foi ni loi. Elle avait de très bonnes raisons de vouloir la mort du magicien et Geralt l'avait bien compris. Il appréciait même plutôt la jeune fille, comme en témoignera une certaine scène que je ne décrirait pas ici. Pour le lecteur non plus, la décision ne coule pas de source et on se prend à avoir les mêmes doutes que Géralt, ce qui renforce encore plus l'identification au personnage.

Si il y a une seule nouvelle de ce recueil que je devait recommander en plus du "dernier voeu" ce serait bien "Le moindre mal" tant elle est parfaite.

Le recueil s'articule d'ailleurs de manière assez ingénieuse : Il a un fil rouge.

Le fil rouge :

Tout le long du recueil, entre chaque nouvelles, il y a plusieurs parties d'une autre nouvelle qui prend place juste après la toute première. C'est "la voix de la raison", Elle raconte la convalescence de Géralt suite à son combat de la première histoire et ses discussions avec la prêtresse Nenneke ou encore avec Iola, jeune fille du temple ayant fait voeu de silence. C'est quand il commencera à leur raconter ses histoires que les autres nouvelles commenceront, ça donne donc une construction d'ouvrage très fluide et permettant de tout lire d'une traite sans trop casser le rythme.


Bilan :

Cette fois, l'article est plutôt court mais bon, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Si jamais l'univers du sorceleur vous a tapé dans l’œil, même vaguement, foncez. Lisez les livres, jouez aux jeux et immergez vous dans cet univers ultra complet et fascinant. Il y a toute une mythologie, tout un bestiaire à explorer et à apprendre à connaître. Il y a aussi de la politique pour ceux que ça intéresse. La saga du sorceleur est une saga complète.

Personnellement, je vous laisse, je vais lire les autres livres ! Bonne lecture à vous !