Sujet : Une tomate, sur le point d'être découpée pour préparer un Burger dans un fast-food du centre-ville de Nantes, pousse un cri de douleur. La cuisinière s'interroge, lorsque la laitue à ses côtés lui intime d'accepter son sort.
Océane était une jeune étudiante de 20 ans en biologie à la faculté de Nantes. Son rêve, faire de la recherche; mais pour l'instant elle devait travailler dans un fast-food miteux du centre ville pour se payer ses études. C'était pas la joie, mais elle n'avait pas la possibilité de faire autrement. Un soir, elle se retrouva en cuisine car un de ses collègues, Thomas, était absent après s'être pris une gamelle en moto. C'était la première fois qu'elle se retrouvait à ce poste, elle ne savait pas quoi faire. Le patron l'a donc mise à la préparation d'ingrédients : laver la salade, émincer les oignons, couper les tomates en tranches ...
Mais c'est justement quand elle s'apprêta à couper l'une de ces tomates qu'un événement inattendu se produisit. Le couteau à peine enfoncé dans celle-ci, la tomate poussa un immense cri de douleur :
"AAAAAÏE ! Non mais ça va pas ! Espèce de brute !"
Océane recula, glissa sur une feuille de salade et se retrouva par terre le postérieur endolori et la bouche grande ouverte.
"Elle ... Elle a parlé !"
La tomate se tourna vers elle et la jeune fille s'aperçut qu'elle avait des yeux et une bouche !
"Oui bon ça va, t'as jamais vu une tomate parler ou quoi ? Qu'est-ce que t'essayais de me faire avec ton couteau ? Ça fait mal tu sais ?
-Euuuh... vous couper en tranches.
-Me couper en tranches ?! S'insurgea la tomate. Mais tu es folle ? C'est un assassinat !"
C'est alors qu'une nouvelle voix se fit entendre :
"Oh ça va, on est des ingrédients, les humains nous mangent. C'est comme ça, acceptez-le.
-Vous la vulgaire laitue, je ne vous ai pas parlé !
-Vulgaire ? VULGAIRE ? Moi, madame, j'ai grandi dans un champs rempli de magnifiques fleurs. Ma graine provient d'un habile croisement entre plusieurs hautes lignées de salades. L'humain qui s'occupait de moi me faisait écouter du Mozart chaque jour pour garantir ma bonne pousse, madame. Vous, vous êtes seulement issue d'un croisement entre une graine de basse qualité et des pesticides. La vulgarité me semble plutôt de votre côté.
-Peuh ! Que vous dites. En attendant, il est hors de question que je me laisse tuer par cette humaine."
Océane était perdue, elle s'était retranchée contre le mur, effrayée et ne savant pas quoi faire dans cette situation. La tomate la regarda avec un air farouche et s'exclama :
"Je vous colle un procès pour tentative de meurtre sur tomate ! AVOCAAAAATS !!"
C'est alors que deux avocats sortirent du bac à légume posé en bout de table, ils roulèrent vers la tomate.
"Plaît-il ? Qui demande nos services ? Demanda l'un des deux.
-C'est moi, je réclame un procès contre l'humaine morte de trouille là-bas.
-De quoi l'accusez-vous ? s'enquit l'autre.
-Vous ne voyez pas le jus qui coule, là ? S'exclama la tomate en montrant son derrière. Elle a tenté de m'assassiner en me coupant en tranches !
-Voilà qui est fâcheux effectivement, nous allons réunir un juge, un jury et un public. Moi, Avocun, je me chargerai de la défense, et Avocdeu se chargera de l'accusation.
-La juge sera madame Guillonnette. Madame Guillonnette ? S'il vous plaît ?
-GUILLOTIIIIINE !!!"
Une saucisse à hot dog venait de sortir du bain-marie dans un grand fracas d'eau et de cris. Océane se recroquevilla encore plus sur elle-même, terrifiée par la vision de cette saucisse qui lui rappelait ses cours sur la révolution.
"Qu'on lui coupe la tête !" Cria à nouveau la saucisse.
Elle soufflait très fort, les yeux exorbités et l'écume aux lèvres. La jeune fille prit son courage à deux mains et s'exclama.
"Objection !"
Surprise dans l'assemblée. Tous les ingrédients se tournèrent vers elle, en silence.
"Comment ça objection ? Demanda un des avocats.
-Je proteste contre le choix de cette juge. Elle n'a pas l'air impartiale !
-La justice ingrédientaire se moque bien de l'impartialité. La juge a été choisie, et ce n'est pas négociable. Il nous reste à désigner des jurés."
Les jurés se montrèrent à cet instant, il s'agissait d'une ribambelle de knackis balls qui reprenaient à tue tête des chants guerriers avec une voix aiguë. Ces chants parlaient d'une révolution contre l'humanité, une révolution où les ingrédients prendraient le contrôle et asserviraient les humains. La jeune fille se demanda comment tout cela allait se terminer pour elle.
Tous les autres ingrédients de la pièce prirent vie aussi tout à coup. Le public pour le procès était constitué. Des bavardages s'élevèrent, des huées à l'encontre d'Océane. On lui cracha même des pépins au visage. Son sort était pour le moins incertain. Avocdeu s'éclaircit la voix et prit la parole :
"Mesdames et Messieurs, nous sommes réunis ici aujourd'hui pour statuer sur un crime qui a été commis. Un crime honteux, un crime horrible, une infamie si grande que les mots me manquent pour la qualifier. La jeune humaine que vous pouvez voir ici s'est rendue coupable de tentative de meurtre avec préméditation à l'encontre de madame Tomatine."
Les huées s'élevèrent encore plus fortes, les insultes fusèrent. L'avocat reprit :
"Calmez-vous je vous prie. L'accusée, donc, en plus de vouloir tuer cette pauvre tomate innocente, avait pour but de la manger. Oui, vous avez bien entendu, elle voulait la manger ! Les humains sont des monstres qui mangent d'autres êtres vivants pour vivre. Ils sont une espèce dangereuse. Le pire dans tout ça, c'est que l'accusée, cette -pardonnez mon vocabulaire- gourgandine, trouve cela normal. Elle n'accorde aucun crédit à la vie d'autrui messieurs dames ! Après avoir tué cette pauvre tomate, elle nous aurait sans doute réservé à nous tous ici un sort similaire.
-Bah oui, on est des ingrédients, c'est normal d'être mangés par des humains. Coupa la salade qui avait pris place dans le public.
-Cessez donc vos balivernes ! Coupa l'avocat. Les salades mentent tout le temps, il ne faut pas les écouter ! Après tout, l'expression est bien "raconter des salades".
-Oh oh OH OH oh ! Je vais vous foutre un procès moi.
-C'est cela, c'est cela. Bref. Avocun ? Que plaidez vous ?
-Nous plaidons coupable. Répondit Avocun.
Océane était abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. Scandalisée, elle protesta, arguant qu'il était hors de question de plaider coupable. Elle ne savait pas que cette tomate avait une conscience quand elle lui a planté son couteau dedans. Mais ses arguments ne semblaient pas faire mouche. Son propre avocat la regarda avec dédain, lui expliquant qu'elle n'avait pas son mot à dire sur quelle défense ils allaient adopter.
Le jury passa à la délibération pendant que la juge trépignait d'impatience, bavant de plus en plus en marmonnant sans cesse "Guillotine ! Guillotine ! Guillotine."
Enfin, l'heure du verdict avait sonné. Les jurés roulèrent jusqu'au centre de la table, se mirent en rang et annoncèrent d'une même voix :
"L'accusée est reconnue coupable de tentative de meurtre sur ingrédient."
La juge poussa un cri de joie où suintait la folie. Elle s'écria :
"Le jugement a été rendu ! L'humaine sera condamnée au même châtiment qu'elle s'apprêtait à faire subir à la tomate ! Nous allons la couper en tranche avec une GUILLOTIIIiiiiiNE !"
Tout à coup, les ingrédients se mirent tous à sauter sur place, la salle trembla et une guillotine, modèle A38, apparut autour d'Océane, emprisonnée. Des cris de joie s'élevèrent dans l'assemblée tandis que madame Guillonette activa l'engin de mort. Plusieurs fois. C'en était fini d'Océane, et tous les ingrédients prirent la fuite pour fomenter une rébellion anti-humain, mais cette dernière sera contée dans une autre histoire.
Fin.
Stalin did nothing wrong
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